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espionnage ne respiraient pas derrière leurs carreaux ; ils attendaient avec une indicible impatience la femme invisible.

Elle leur apparut enfin.

C’était une jeune femme âgée de vingt-cinq ans environ. Sa mise était fort simple : un petit chapeau de velours noir, une redingote de gros de Naples carmélite très foncé, et un grand châle de cachemire noir qui tombait jusqu’aux volants de sa robe ; elle cachait ses mains dans un manchon de martre qui laissait apercevoir le coin d’un mouchoir richement garni de valenciennes. Enfin, les plus jolis petits pieds du monde semblaient frissonner de froid dans leurs bottines de satin noir.

Ce qui frappait d’abord dans la figure de cette jeune femme, d’une beauté remarquable, c’était le contraste de ses cheveux du plus beau blond cendré avec ses grands yeux noirs et ses sourcils de même couleur, hardiment accusés.

De longues et épaisses boucles de cheveux, pressés par la passe de son chapeau, cachaient à demi ses joues ; malgré le froid qui aurait dû aviver son teint, cette jeune femme était très