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Plus j’avançais dans la vie, plus je reconnaissais le néant, l’amertume de ces affections. Je cherchais le bonheur, le calme, le repos du cœur, je ne trouvais qu’agitations douloureuses. Les femmes qui m’avaient sacrifié leurs devoirs, après une longue lutte éprouvaient des remords qui me faisaient souvent maudire mon bonheur… tandis que je me révoltais bientôt de l’assurance de celles qui ne rougissaient plus… Et pourtant, me disais-je, il y a d’autres félicités que celles-ci. Dans mon désespoir d’atteindre le but impérieux vers lequel tendaient toutes les facultés de mon âme, je brisais bientôt l’idole que j’avais encensée ; j’éprouvais une sorte de joie méchante à lui faire partager l’amertume dont mon âme était abreuvée ; je poussais ce sentiment jusqu’à la cruauté peut-être ; faut-il m’accuser ? je ne sais… Il faudrait peut-être plutôt accuser l’idéal que je rêvais. Oui… car c’était lui qui me rendait si injuste, si sévère pour tout ce qui ne lui ressemblait pas. Si vous interrogiez le monde sur moi, Mathilde, il vous dirait que dans quelques ruptures, je me suis montré égoïste, dédaigneux et dur… Cela est encore vrai… J’étais mécon-