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sentais émue de surprise et d’attendrissement. Gontran, par un hasard presque prodigieux, venait au devant des pensées que l’entretien de madame de Richeville avait soulevées en moi.

L’instinct de son cœur le poussait à se justifier comme s’il avait pu prévoir qu’on l’avait attaqué.

Sa franchise me charmait ; j’attendais ses aveux avec plus de curiosité que d’inquiétude.

Je me sentais si complètement rassurée, que je lui dis en souriant :

— Je vous écoute ; mais si c’est une confession, prenez garde, je ne puis pas tout entendre.

— Je vous jure que rien n’est plus sérieux, — reprit Gontran. — Maintenant que je jette un regard sur le passé, maintenant que je vous ai vue, maintenant surtout que j’ai pu comparer mes impressions d’autrefois et mes impressions d’aujourd’hui, ma vie m’apparaît sous un tout autre jour ; oui certaines pensées jusqu’ici confuses s’expliquent très clairement à cette heure. Je comprends l’espèce de malaise, d’impatience chagrine qui venait toujours flétrir ou briser ces liaisons passagères qui me paraissait d’abord si séduisantes…