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Servien entra au même instant, et dit à sa maîtresse : — Mademoiselle, M. Bisson est dans le salon.

— Et vous le laissez seul ! il va tout briser ! — s’écria mademoiselle de Maran en sortant précipitamment pour s’opposer aux nouveaux méfaits du savant, qui, après quelque temps d’exil, était rentré en grâce auprès d’elle.

Je me trouvai seule avec Gontran. Hésitant à lui raconter la visite de madame de Richeville, je gardais le silence.

Gontran me dit : — Je suis très content du départ de mademoiselle de Maran, car j’ai à vous parler bien sérieusement.

— De la corbeille ? — lui dis-je en souriant.

— Non, — reprit-il d’un air grave, presque triste, qui me serra le cœur. — Hier, je vous ai parlé de l’avenir, de mes projets, de mes sentiments… Vous m’avez cru, vous avez bien voulu me confier le soin de votre bonheur, vous m’avez généreusement donné votre parole. Hier, tout au ravissement que me causait ce succès inespéré, je n’avais pas songé à vous parler du passé… et toujours le passé… est une bonne ou une mauvaise garantie pour l’a-