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mais que m’importe ! il peut vous sauver.

Après avoir longtemps hésité, madame de Richeville dit enfin d’une voix altérée en rougissant beaucoup, et avec toutes les marques d’une profonde confusion :

— Apprenez donc que, comme vous… j’ai aimé M. de Lancry ; oui, comme vous j’ai été séduite par ses brillants dehors… Mais j’ai bientôt découvert tout ce qu’il y avait en lui d’égoïsme, d’indifférence, de dureté, de cruauté même, lorsque sa vanité était satisfaite. Aussi maintenant, je ne sais pas qui l’emporte dans mon âme, de ma haine ou de mon mépris pour lui…

Ces derniers mots de madame de Richeville me semblaient si odieux, que perdant toute mesure, je m’écriai :

— Pourtant lors de ce bal de l’ambassade… Madame, vous ne pensiez pas ainsi !

Madame de Richeville haussa les épaules avec un mouvement d’impatience douloureuse :

— Écoutez-moi donc… vous saurez pourquoi j’ai agi ainsi à ce bal, et vous connaîtrez M. de Lancry. Il y a près d’une année, je venais d’éprouver un grand malheur ; j’étais la