Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/340

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la confiance, l’admiration, l’amour que j’ai pour M. de Lancry.

— Vous auriez peut-être cru à ces paroles si toute autre que moi vous les eût dites, — répéta madame de Richeville en me regardant attentivement et en semblant chercher le sens de ma pensée. — Pourquoi m’accordez-vous moins de confiance qu’à toute autre ?

— Pourquoi ? Vous me le demandez ! Mais il s’agit de M. de Lancry, Madame… Mais tout isolée que je sois, certains bruits.

— Ah ! la malheureuse enfant ! elle me croit jalouse de M. de Lancry ! — s’écria madame de Richeville avec un accent de surprise, presque d’effroi. — Alors tout est perdu, Mathilde ! vous croyez cela… Mon Dieu ! mon Dieu ! j’ai donc été bien calomniée auprès de vous, pour que vous me supposiez coupable d’une telle infamie. Éprise de M. de Lancry, je viens le calomnier auprès de vous pour rendre impossible un mariage qui me mettrait au désespoir ? Dites, dites ! n’est-ce pas cela que vous croyez ?

— Dispensez-moi de vous répondre, Madame !

— Eh bien ! moi, je vais vous faire un aveu. Il est pénible, oh ! il est bien cruel ;