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qui cherche à se satisfaire par un jeu effréné. Depuis longtemps, il a presque entièrement dissipé sa fortune ; il a des dettes considérables. Croyez-moi, Mathilde, mademoiselle de Maran a facilité, a protégé ce mariage, parce qu’il doit vous précipiter dans un abîme de malheurs incalculables : aussi je vous en conjure, au nom de votre ami M. de Mortagne, attendez son retour qui doit être prochain pour conclure cette union ; vous ne savez pas quel est l’homme que vous avez choisi ! encore une fois, je vous en supplie, attendez M. de Mortagne ; attendez-le au nom de votre mère.

— Assez, Madame ! — m’écriai-je indignée ; — je ne souffrirai pas que le nom de ma mère soit invoqué à propos d’une calomnie à laquelle vous ne craignez pas de descendre, vous… vous, madame la duchesse… Ah ! Madame, quel mal vous ai-je donc fait pour tenter d’empoisonner ce que je regardais, ce que je regarde encore, Dieu m’entend… comme le seul bonheur, comme le seul espoir de ma vie. Ah ! je frémis d’épouvante en songeant que ces odieuses paroles prononcées par toute autre que par vous, Madame, auraient peut-être altéré