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que vos préventions contre moi soient bien invincibles…

Alors elle dit en se parlant à elle-même :

— À quoi bon tenter… Qu’importe ?… C’est un devoir ; — et s’adressant à moi, elle me dit vivement… — Oui, c’est un devoir et je l’accomplirai… On veut vous marier à M. de Lancry !

— Mademoiselle de Maran et M. le duc de Versac ont confirmé une résolution que M. de Lancry et moi nous avions prise, Madame. Et ce mariage est assuré, répondis-je, toute orgueilleuse, toute triomphante de pouvoir écraser ma rivale par ces mots, peut-être messéants dans la bouche d’une jeune fille.

— Savez-vous ce que c’est que M. de Lancry ?

— Madame…

— Eh bien ! je vais vous le dire, moi. M. de Lancry est un homme charmant, rempli de grâces, d’esprit et de bravoure, de formes parfaites, d’une élégance achevée ; vous savez cela, n’est-ce pas, malheureuse enfant ? Ces brillants dehors vous ont séduite, je ne vous en fais pas un reproche ; mais sous ces brillants dehors se cachent un cœur desséché, un égoïsme intraitable, une insatiable avidité