Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/337

Cette page a été validée par deux contributeurs.

je puis faire attention à ce que dit mon cœur !…

Il fallait ma prévention, ma jalousie contre madame de Richeville, pour ne pas être désarmée par la grâce enchanteresse avec laquelle la duchesse dit ces derniers mots.

Ainsi que cela arrive toujours, dans la disposition d’esprit où je me trouvais, certaines paroles émeuvent profondément, ou bien elles révoltent d’autant plus qu’elles ressemblent davantage à un cri de l’âme. Je répondis donc à madame de Richeville :

— Je désirerais, Madame, savoir le but de cet entretien ; s’il n’en a pas d’autre que de réveiller mes anciens griefs contre mademoiselle de Maran, tout en vous remerciant de l’intérêt que vous me portez au nom de M. de Mortagne, je ne puis que vous répéter, Madame, que maintenant je n’ai qu’à me louer de mademoiselle de Maran.

— Il faut que vous ayez déjà bien souffert, que vous ayez été bien contrainte, pour vous posséder ainsi à dix-sept ans, — me dit madame de Richeville, me regardant avec une expression de pitié douloureuse, — ou il faut