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fait pour moi, afin de bien donner à entendre à madame de Richeville que je voulais parler de mon mariage avec Gontran.

La duchesse secoua tristement la tête, et me dit : — Elle a tant fait pour vous !… Oui, vous dites vrai… elle n’a jamais tant fait pour votre malheur.

De ce moment, je crus deviner le sujet de la visite de madame de Richeville. Elle aimait Gontran, son mariage avec moi la rendait furieuse de jalousie, elle était aussi adroite que dissimulée, elle venait sans doute calomnier M. de Lancry, afin de rompre une union qu’elle abhorrait.

En partant de cette pensée, d’abord Gontran me devint encore plus cher, en voyant combien on me disputait son cœur. Je fus presque fière de voir une femme comme madame de Richeville, si belle, si hautaine, si dédaigneuse du monde, avoir recours à un déguisement, aux faussetés les plus habiles et les plus compliquées pour venir jouer humblement auprès de moi un rôle odieux.

Bien décidée à envisager la conduite de la