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— Vous l’ignoriez ? — me dit madame de Richeville en attachant sur moi un regard perçant qui me fit rougir.

Ne voulant pas sans doute augmenter ma confusion, elle continua, en rendant, si cela est possible, sa voix et son regard plus affectueux encore.

— Écoutez-moi… Pour vous donner créance en mes paroles… pour que je puisse aborder le sujet qui m’amène ici, sans être soupçonnée par vous d’arrière-pensée, il faut que je vous donne quelques explications sur le passé. De tout temps M. de Mortagne a été mon ami ; il m’a autrefois rendu un de ces services qu’une âme généreuse ne peut acquitter que par une amitié de toute une vie ; et quand je dis amitié… je parle des devoirs sacrés qu’elle impose… Je ne sais de quelles noires couleurs votre tante m’a peinte à vos yeux… mais vous saurez un jour, je l’espère, que mes ennemis les plus mortels n’ont jamais osé contester mon courage et mon dévoûment à mes amis… Plus tard… vous connaîtrez peut-être le motif de mon éternelle gratitude envers M. de Mortagne… Je savais, je sais tout l’inté-