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sacrifice que tu voulais faire à notre amitié.

« Dans ton dévouement, aussi admirable qu’irréfléchi, tu n’avais pas songé à l’avenir ; quoique considérables, tes biens ne sont pas assez grands pour pouvoir ainsi se diviser ; avec ta fortune entière, tu es une très riche héritière, et tu peux prétendre aux plus brillants partis. En la partageant, tu diminues tes chances de moitié.

« Sans doute, rester éternellement près de toi a été un de mes plus doux rêves de jeune fille. Mais qui sait si cet arrangement conviendrait à celui que tu choisiras pour mari ? Grand Dieu ! plutôt mourir mille fois que d’être la cause du plus léger dissentiment entre vous ! Je me suis donc résignée, Mathilde. J’ai trouvé la force de cette résignation dans mon amitié, dans mon dévouement pour toi. Je bénirai toujours le sacrifice que je me suis imposé, en songeant qu’il a peut-être pu contribuer à assurer ton bonheur à venir.

« Hélas ! il m’en a bien coûté, j’ai pleuré, amèrement pleuré pendant la nuit qui précéda ma première entrevue avec M. Sécherin…

« Oserai-je tout te dire, tout t’avouer ? Un