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« Il y a huit jours, le jour même où je t’avais écrit, sans savoir ce qui m’attendait, mon père me fit venir dans son appartement. Tu n’as jamais vu mon père que dans le monde, ou devant mademoiselle de Maran qui lui impose beaucoup ; il n’a dû te paraître que grave et compassé. Ici il est habitué à dominer, à parler en maître inflexible ; sa figure a une expression toute différente ; elle est dure, presque menaçante.

— « Vous n’avez pas de fortune » — me dit-il, — « il faut songer à vous marier. J’ai trouvé pour vous un parti inespéré, un jeune homme qui a plus de soixante mille livres de rentes, sans les espérances, et ce qu’il peut gagner encore ; car il gère sa fortune à merveille, et entend parfaitement les affaires. Il viendra ici, demain, avec sa mère. Arrangez-vous pour lui plaire ; car, si vous lui plaisez, le mariage est conclu. Surtout soyez simple et gaie, car M. Sécherin est un garçon de bonne humeur, tout rond et sans façons. Réfléchissez à cela ; je vous laisse. Il faut que j’aille à ma ferme des Sanlaies. En vérité, cette mal-