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mitié chérie… Mais, mon Dieu ! pourquoi m’étonner du nouveau coup qui me frappe ! depuis longtemps ne suis-je pas habituée à souffrir ! Victime résignée au malheur, je ne puis que courber le front et pleurer !…

« Pardon, mon amie, ma sœur, de venir attrister tes joies par ces plaintes qui s’exhalent de mon âme désolée : car, j’en ai le pressentiment, tu seras heureuse, tu es heureuse selon ton cœur ; tu épouseras celui que tu aimes… Si belle, si riche, si charmante, pour plaire tu n’as qu’à paraître !…

« La pauvre Ursule, au contraire, sans charmes, sans attrait, sans fortune, a été en naissant presque vouée au malheur… Que veux-tu ? c’est sa destinée… Mais, que dis-je ?… non, non, je suis injuste ; ne t’ai-je pas rencontrée sur ma route ? n’as-tu pas tendu la main à la petite abandonnée ? n’a-t-elle pas dû à ta générosité, à ta touchante amitié, le plus précieux des biens, une éducation brillante, comme me le répète toujours avec raison mademoiselle de Maran ?

« Ne t’ai je pas dû… ne te dois-je pas le sentiment le plus doux, le plus cher à mon