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lez-vous bien une chose, — m’écriai-je, — c’est que si vous faites le moindre cas de mon attachement pour vous, vous me promettrez à l’instant même de ne pas faire la moindre question aux gens de M. de Lancry.

— Mais, Mademoiselle, c’est votre tante qui, à bien dire, a arrangé ce mariage ! Oubliez-vous donc toutes ses méchancetés ? la haine qu’elle portait à cette pauvre madame la marquise votre mère, qu’elle a fait mourir de chagrin !… Au moment de vous lier pour jamais, réfléchissez bien, Mademoiselle… Pardonnez-moi si je vous parle ainsi. Je ne suis qu’une pauvre femme, mais je vous aime comme mon enfant ; ce sentiment-là me donne des idées au-dessus de ma position et le courage de vous le dire. Pauvre Mademoiselle, vous êtes si confiante, si bonne, si généreuse, que vous ne vous défiez de personne. C’est comme pour Mademoiselle Ursule, je ne la crois pas franche, malgré ses soupirs et ses airs de victime…

— Écoutez-moi, Blondeau : je comprends qu’une sorte de jalousie d’affection vous porte à parler injustement de mademoiselle d’Orbe-