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privilège qui me sera peut-être accordé… que je viens, sûr de l’agrément de mademoiselle Mathilde, vous demander sa main.

— Ah ! mon Dieu ! — s’écria ma tante ; — qu’est-ce que vous me dites donc là, Gontran ? C’est comme un coup de tonnerre… je n’en reviens pas. Ça ne s’est jamais vu, un mariage arrangé de cette façon-là !

— Vous dites vrai, Madame ; si vous accordiez votre consentement, et si j’en crois mon cœur, ce mariage serait unique entre tous les mariages, — dit Gontran en me regardant.

— Mais c’est qu’en vérité j’en suis tout ébaubie. Ça ne se fait jamais comme ça, mon pauvre Gontran ! Ce sont les grands parents qui se chargent de ces ouvertures-là, avec toutes sortes de préliminaires et de préambules. On en cause quelquefois huit jours, et, après d’autres préambules encore, on fait venir la petite fille, et on lui dit qu’il se pourrait bien qu’on songeât un jour à la marier ; que dans ce cas-là, un jeune homme qui réunirait tels, tels et tels avantages, semblerait un parti sortable.

— Eh bien ! ma tante, dis-je gaîment à