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Je ne pus dire que ces mots.

Gontran me répondit aussitôt : — Je vous comprends, Mademoiselle… les bruits du monde ont pu parvenir jusqu’à vous… Depuis mon retour d’Angleterre, ou plutôt depuis le bal de l’ambassade d’Autriche, je vous le jure sur l’honneur, je n’ai été occupé que d’une seule pensée… je n’ose dire… que d’une seule personne…

Je tendis la main à Gontran sans pouvoir retenir deux larmes ; oh ! deux bien douces larmes. — Si vous voulez la main de l’orpheline… elle est à vous… devant Dieu, je vous la donne, — lui dis-je.

— Devant Dieu aussi, je fais le serment de la mériter, — dit Gontran, — et il tomba à genoux d’une manière si charmante, si naturelle, je dirais presque si pieuse, en portant ma main à ses lèvres, que rien ne me parut exagéré dans ce mouvement.

De ma vie… je n’éprouvai une impression à la fois plus douce, plus sereine, plus triomphante.

Je joignis les mains avec force, et je dis d’une voix profondément émue :