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superstition est loin de la religion… Je ne sais, mademoiselle, si vous m’avez bien compris, je ne sais si j’ai pu vous donner une faible idée de mes sentiments, de mes pensées. Si j’étais assez heureux pour cela, si, contre tout mon espoir, vous me permettiez d’autoriser la demande que M. de Versac désire faire pour moi à mademoiselle de Maran, croyez-en ma foi d’honnête homme… mademoiselle… aimé de vous… je serais en tout digne de vous…

En disant ces derniers mots, M. de Lancry, qui était assis dans un fauteuil près du mien, se leva par un mouvement d’une gravité touchante, presque solennelle.

Je ne puis dire toutes les émotions que ce langage si nouveau pour moi éveilla dans mon cœur ; il me sembla qu’un nouvel et radieux horizon s’offrait à ma vue ; je fus frappée d’un saisissement délicieux, car les paroles de Gontran sur le romanesque d’un bonheur légitime, traduisaient, résumaient complètement mille pensées jusque-là vagues et confuses dans mon esprit.

Ce tableau ravissant de l’amour dans le ma-