Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/299

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je ne pus m’empêcher de dire à M. de Lancry :

— Pourtant, Monsieur, ces liaisons éphémères dont vous parlez semblent quelquefois…

— Ah ! Mademoiselle, — s’écria-t-il en m’interrompant, — peut-on jamais les comparer à un bonheur légitime et vrai ? Ah ! croyez-moi… quand on aime pour la vie, on reconnaît bien vite le néant de ces coupables affections. Quel est donc leur charme pour qu’on puisse les préférer à un amour béni par Dieu ? Parce qu’une femme vous appartient devant le ciel et devant les hommes, appréciera-t-on moins tout ce qu’il y a de charme dans une longue soirée passée près d’elle ? Jouira-t-on moins de ses préférences, parce que chaque jour on les aura méritées aux yeux de tous à force de soins et de tendresse ? Son esprit, sa grâce, ses succès, vous seront-ils moins chers, parce que son regard pourra sans crainte chercher le vôtre, et vous dire : « Jouissez de ce que vous inspirez ! » Si au milieu du monde elle accueille un signe de vous par un mystérieux et doux sourire, ce sourire sera-t-il moins doux, parce