Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/296

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le courage me manqua… Je ressentis au cœur un coup violent ; je crus que M. de Lancry avait de l’éloignement pour moi, et je répondis d’une voix faible :

— Il était inutile de m’apprendre… Monsieur… — Je ne pus achever.

— Non, Mademoiselle… cela n’était pas inutile, permettez-moi de vous le dire ; je ne pouvais autoriser M. de Versac à faire cette demande à mademoiselle de Maran avant d’avoir eu votre consentement.

— Et c’est mon consentement que vous venez me demander ? — m’écriai-je, sans pouvoir cacher ma joie, sans penser à la cacher.

À un mouvement de surprise de M. de Lancry, je regrettai presque ma franchise ; je craignis qu’il ne l’interprétât défavorablement ; je rougis, je me troublai, et je ne pus ajouter un mot.

Après quelques moments de silence, Gontran reprit :

— Oui, Mademoiselle, c’est votre consentement que je viens solliciter sans oser l’espérer. Vous êtes libre de votre choix, et j’aurais toujours regretté d’avoir été le sujet de quel-