Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/294

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Lors de mes doutes les plus accablants, je me rassurais pourtant quelquefois en pensant que mademoiselle de Maran n’aurait pas si ouvertement, si particulièrement reçu M. de Lancry, s’il ne lui avait pas fait part de ses vues. Cependant, jamais ma tante ou M. de Versac n’avaient fait la moindre allusion à la possibilité d’un mariage entre moi et M. de Lancry.

Enfin, ces angoisses cessèrent.

Le 15 février, je me rappelle ce jour, cette date, ces circonstances, comme si tout s’était passé hier ; le 15 février, j’étais seule dans le salon de ma tante, où j’avais cru la trouver, mais elle était sortie en donnant ordre de dire aux personnes qui pouvaient la demander, qu’elle allait rentrer.

Je lisais les Méditations de Lamartine, lorsque j’entendis la porte du salon s’ouvrir ; Servien annonça M. le vicomte de Lancry.

Jamais je ne m’étais trouvée seule avec Gontran, je me sentis dans un embarras mortel.

— On m’a dit, Mademoiselle, que madame votre tante allait bientôt rentrer, et qu’elle