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jours des louanges, en me souvenant des perfides exagérations de ma tante sur les avantages dont j’étais douée.

Ardent et généreux, il n’y avait pas une noble cause que M. de Lancry ne défendît avec chaleur. Rempli de modestie, il souffrait visiblement lorsqu’on lui parlait des mérites qui lui avaient valu des distinctions toujours rares à son âge. Quant à ses succès dans le monde, quoique, par convenance, un tel sujet fût rarement traité devant moi et devant Ursule, il était facile de voir que M. de Lancry n’avait pas la moindre fatuité. Sa conversation était, quand il le voulait, sinon sérieuse, du moins instructive. Il avait beaucoup voyagé, et voyagé avec fruit. Il parlait des arts avec infiniment de goût, et il n’était pas étranger aux littératures contemporaines.

Peindre si longuement ses avantages, c’est presque dire que je l’aimais… oui… je l’aimais.

Comment ne l’aurais-je pas aimé ? Vivant chez ma tante presque dans la solitude, ne voyant que lui, et le voyant chaque jour, pouvais-je résister longtemps au charme qui le