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gens tromper si religieusement leur vieille mère, en lui créant, à force de travail, un petit coin d’opulence au milieu de leur froide misère ?

— Ah ! sans doute, cela est beau, cela est admirable ! — dit Ursule d’une voix émue en portant sa main à ses yeux. — En entendant raconter un pareil trait, — ajouta-t-elle, — on ne regrette pas d’être pauvre, puisque la pauvreté inspire de pareils dévoûments.

J’étais si troublée que je ne pus trouver une parole, et je trouvai Ursule bien heureuse d’avoir pu dire quelque chose.

M. de Lancry avait raconté avec une grâce parfaite cette histoire, puérile sans doute, mais par cela même pleine de charme dans la bouche d’un homme comme lui.

Plusieurs fois, pendant ce récit, j’avais regardé M. de Lancry ; la touchante expression de sa physionomie donnait un nouvel attrait à ses paroles ; on ne pouvait, selon moi, apprécier si généreusement une telle action sans être capable de l’imiter.

Je restais muette d’étonnement ; je ne m’attendais pas à trouver cette douce sensibilité