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Lancry m’y apparut sous un jour tout nouveau, et tout-à-fait à son avantage.

— Voyons, Gontran, — lui dit mademoiselle de Maran, — vous qui allez partout, mettez-moi donc un peu au fait de tout ce beau monde-là, que je ne connais pas ? j’y suis aussi étrangère que ces jeunes filles. Voilà plus de quinze ans que je n’ai mis le pied à l’Opéra. Il doit y avoir ici toute la fleur des pois de la banque ? Vous devez connaître ça de nom ou de vue. C’est riche à faire peur aux honnêtes gens. Ça a toujours une loge à l’Opéra, tandis que nous autres nous profitons modestement des loges de la cour, qui sont les meilleures, Dieu merci.

— Je serais très embarrassé, Madame, — dit M. de Lancry ; — car, pendant quatre mois que je suis resté en Angleterre, bien des loges de la Banque, comme vous dites, ont changé de maître. Je ne reconnais presque plus personne ; la Bourse a tant de caprices, elle fait et défait tant de brusques fortunes !

— Il ne nous manquerait plus que de voir ces gens-là riches à perpétuité ! ça serait d’un joli exemple pour les autres malfaiteurs, —