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merci ! quoi qu’en dise cette belle duchesse, dont l’âme est aussi noire que l’enfer, qu’il vous suffise de savoir qu’il est bien où il est, et qu’il y restera longtemps, entendez-vous ? cet affreux jacobin !

Je souligne ces mots, mon ami, parce que je frissonnai malgré moi de l’expression sinistre, presque féroce, avec laquelle ma tante prononça ces paroles. Je me rappelai involontairement qu’il y avait dix ans, presqu’à la même place, elle avait jeté un regard implacable sur M. de Mortagne, en cassant dans sa rage muette l’aiguille qu’elle tenait dans sa main.

Je ne trouvai pas un mot à dire ou à répondre à mademoiselle de Maran, tant j’étais effrayée.

Après quelques moments de silence, elle reprit :

— Gontran est venu me proposer pour demain, à l’Opéra, la loge des gentilshommes de la chambre ; j’ai accepté et nous irons.

Je crus être très héroïque et prouver mon amitié à Ursule en refusant cette occasion de revoir M. de Lancry.

— Je suis fatiguée du bal, ma tante, — répon-