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Je lui avais, une fois pour toutes, défendu de laisser jamais seul ce vilain homme dans mon salon. J’étais dans mon cabinet occupée à écrire une lettre, ma porte entr’ouverte, lorsque tout à coup j’entends un bruit sec et roulant comme celui d’une crécelle ; ne sachant pas ce que ce pouvait être, je me lève, j’entre dans le salon, et qu’est-ce que je vois ? cet indigne M. Bisson assis dans mon fauteuil, tenant ma pendule entre ses genoux, et tracassant dans l’intérieur du mouvement avec mes ciseaux ; il avait déjà cassé le grand ressort : c’était là le bruit de crécelle que j’avais entendu.

Mademoiselle de Maran était si fort en colère, qu’elle ne s’aperçut pas de nos rires étouffés ; elle reprit : — Mais en vérité, c’est que je l’aurais battu si j’en avais eu la force.

— Vous avez donc juré de tout détruire ici ? vous ne pouvez donc vous tenir tranquille, abominable homme que vous êtes ! — lui dis-je.

— Qu’est-ce que vous voulez donc que je fasse en vous attendant ? moi je m’ennuie quand je ne fais rien, — me répondit-il si bête-