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Je ne pus m’empêcher de rougir. — Oui, — dis-je à ma cousine ; je ne sais pourquoi cela est ainsi ; je ne sais pas davantage pourquoi je rougis en t’entendant répéter ces paroles que je t’ai dites.

— Pourquoi… pourquoi ?… Veux-tu que je te le dise ? moi ! — reprit tristement ma cousine. C’est que tu l’aimeras.

— Ursule, encore une fois, tu es folle ?

— Non, non, Mathilde… je ne suis pas folle… mon amitié pour toi, ma crainte de me voir oubliée par toi, ma jalousie d’affection, si tu le veux, me tiennent lieu d’une expérience que je ne puis avoir, et m’éclairent plus que toi peut-être sur tes propres sentiments… Mathilde… je devais m’attendre à ce changement dans ta vie, un jour ou l’autre cela doit arriver… Pardonne… pardonne-moi donc mes larmes.

Et elle se jeta en pleurant dans mes bras.

Je ne saurais vous dire, mon ami, avec quelle profonde émotion je répondis à cette preuve de l’affection d’Ursule ; je tâchai de la rassurer par les plus tendres protestations.

— Tiens, — lui dis-je en essuyant mes yeux