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donc regarder l’arrivée de M. de Mortagne comme un évènement très heureux pour moi ; il m’avait, d’ailleurs, promis de revenir lorsqu’il pourrait m’être d’une utilité réelle.

Ce qui rendait encore plus vif mon désir de le voir, c’était l’espèce d’effroi que ma tante avait manifesté lorsque madame de Richeville lui avait annoncé son retour.

Au milieu de ces préoccupations de mon esprit, Ursule entra dans ma chambre ; nous causâmes du bal ; je revins d’autant plus gaîment à parler du léger sentiment de jalousie qu’elle m’avait inspiré avant notre départ pour l’ambassade, que pendant toute la durée du bal j’avais joui du succès de ma cousine.

— Sais-tu bien, ma chère Ursule, — lui dis-je en souriant, — qu’à me voir si rayonnante on a peut-être cru que c’était de moi que je paraissais si contente, tandis qu’au contraire j’étais orgueilleuse de toi ? Mais que nous importe, à nous qui connaissons les secrets de notre cœur ?

— Comment trouves-tu M. de Lancry ? — me demanda tout-à-coup ma cousine.