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près de nous, et pourtant le ressentiment de mes impressions était triste et amer !

Néanmoins, je dus à cette nuit de fête une pensée douce, comme une vague espérance : M. de Mortagne allait arriver…

Je me faisais une joie de son retour. Je ressentis confusément le besoin de conseils graves et sûrs ; non-seulement j’éprouvais une profonde aversion pour ma tante, mais ses louanges, mais ses avis, mais ses remarques me laissaient dans une inquiétude continuelle.

J’étais comme ces malheureux qui craignent de trouver du poison dans tout ce qu’ils portent à leurs lèvres.

J’aimais Ursule de toutes les forces de mon âme, mais elle était aussi jeune, aussi inexpérimentée que moi ; je comptais absolument sur le dévoûment de Blondeau, mais cette excellente femme ne pouvait, ne savait que m’aimer aveuglément.

Mon tuteur, M. d’Orbeval, le père d’Ursule, s’était retiré en Touraine, dans une propriété qu’il possédait, je ne le voyais jamais ; d’ailleurs, il était complètement dominé par ma tante, ainsi que mes autres parents. Je devais