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sans cesse à la pensée, tandis que je ne me rappelais pas celui de la contredanse que j’avais dansée avec M. de Lancry.

Le résultat de mes impressions fut presque triste. Le monde, malgré son urbanité parfaite, malgré ses dehors exquis et charmants, me semblait déjà une arène où l’on se portait les plus terribles coups, le sourire aux lèvres et des fleurs au front.

Ce qui s’était passé entre mademoiselle de Maran et la duchesse de Richeville ne me le prouvait que trop. Je n’avais entendu que des paroles polies, et leur sens détourné cachait quelque cruel mystère.

J’avais cependant été très entourée. Il me semblait, sans fausse modestie, qu’on me trouvait belle. J’avais remarqué que mesdemoiselles de B*** et de P*** avaient à peine dansé trois ou quatre contredanses, tandis que moi et Ursule nous avions dû souvent en refuser. Je n’avais pu m’empêcher d’entendre sur mon passage cette espèce de murmure toujours flatteur aux oreilles d’une femme. M. de Lancry, sans comparaison l’homme le plus agréable de cette brillante réunion, avait été très assidu