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faiblies, modifiées ; ainsi c’est peut-être manquer de goût que de louer leur beauté, tandis qu’il y a toujours de la grâce à louer leur esprit. Leur gaîté a bien plus de charmes quand on ne l’excite pas au-delà du sourire, et c’est effaroucher la finesse exquise et ingénue de leurs observations que d’y répondre par la médisance.

Ce n’est pas de la vanité que de parler ainsi du plus bel âge de notre vie, à nous autres femmes. Nos instincts sont alors si nobles, si généreux, nos illusions sont si radieuses, que notre caractère, que nos pensées participent de l’élévation habituelle de notre âme.

Je reviens à ce bal. Je vis Ursule danser avec la même grâce touchante et triste. Elle ne semblait pas s’amuser beaucoup ; cependant elle ne refusa aucune contredanse, mais elle soupirait et semblait faire un grand sacrifice en les acceptant.

Après avoir été voir le coup-d’œil du souper et prendre une tasse de thé, nous quittâmes le bal. M. de Lancry, qui sortait aussi, nous retrouva dans le salon d’attente ; il demanda