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grâce autour de sa tête expressive, un peu renversée en arrière.

Il fallait que cette femme fût bien forte de son innocence, ou qu’elle eût un bien profond dédain des jugements du monde, pour le braver si ouvertement, après les mots cruels de mademoiselle de Maran, qui venaient de réveiller, pour ainsi dire, tous les scandales réels ou supposés de la conduite de madame de Richeville.

Ce qui me surprit beaucoup, ce fut l’expression des traits de M. de Lancry pendant cette valse ; il semblait tour à tour dédaigneux, sardonique et irrité ; lorsqu’il reconduisit madame de Richeville à sa place, il me parut qu’elle souriait avec amertume de quelques paroles que M. de Lancry lui disait à voix basse.

J’éprouvai d’abord, je ne sais pourquoi, comme un serrement de cœur en voyant M. de Lancry valser avec madame de Richeville. Je me souvins involontairement des paroles que j’avais entendu prononcer. Je ne doutai plus qu’il l’aimât. Elle avait un air de résolution et de fierté qui m’effrayait ; pourtant, quand je