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J’étais si occupée à regarder danser, que bien que je le voulusse, j’avais à peine le temps de songer aux dernières paroles de madame de Richeville, au sujet de M. de Mortagne.

J’avais toujours conservé de lui un souvenir plein de gratitude ; il avait été, dans mon enfance, mon premier défenseur.

Depuis huit ou neuf ans, on n’avait presque jamais prononcé son nom chez ma tante. Je me rappelai seulement alors avoir plusieurs fois entendu dire qu’on n’avait pas de ses nouvelles. Sa vie était si étrange, on lui savait une telle habitude de voyager, que je ne trouvai là rien d’étonnant. Seulement, ce qui me paraissait extraordinaire, c’était l’effet presque écrasant que l’annonce de son retour produisait sur mademoiselle de Maran.

Je fus tirée de ces réflexions par le son d’une valse.

Parmi les couples qui furent bientôt emportés dans son tourbillon, je vis M. de Lancry et la duchesse de Richeville. Elle avait une taille accomplie, et, ainsi que lui, elle valsait à ravir. Les boucles de ses cheveux, noirs comme du jais, qu’elle portait très longs, flottaient avec