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fusée. — Et se tournant vers le colonel anglais qui lui donnait le bras : — Montons dans la petite galerie, — lui dit-elle. Je voudrais voir cette contredanse…

Je n’avais jamais vu mademoiselle de Maran troublée. Elle le fut beaucoup dès les premiers mots de Madame de Richeville ; mais quand celle-ci eut prononcé ces paroles : M. de Mortagne sera ici dans quelques jours… ma tante pâlit et parut accablée, au grand étonnement de ceux qui connaissaient son audace et ne comprenaient pas le sens caché de la réponse de madame de Richeville.

La contredanse commença. M. de Lancry eut le bon goût de m’épargner des compliments toujours embarrassants pour une jeune personne. Il fut très simple, très gai, sans méchanceté, me parla de mademoiselle de Maran avec une affectueuse vénération, de M. de Versac avec tendresse ; il trouva la physionomie d’Ursule des plus intéressantes, et il me demanda quel était le grand chagrin qui la rendait si mélancolique. Il était musicien, nous causâmes musique. Je préférais les maîtres allemands, il préférait les maîtres italiens.