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simple, que de très poli dans ces paroles ; pourtant je connaissais assez l’accent de ma tante pour pressentir que ces mots avaient renfermé quelque perfidie. En effet, levant les yeux sur madame de Richeville et sur les personnes qui nous environnaient, je vis la première affecter un grand calme, et tout le monde fort embarrassé.

Plus tard j’ai rencontré dans le monde madame de Richeville ; j’ai su qu’on exagérait jusqu’à la plus odieuse calomnie la légèreté de sa conduite. On disait que sans l’illustre nom qu’elle portait, que sans la grandeur et les alliances de sa maison, que sans son immense fortune, on eût difficilement fermé les yeux sur ses fautes, et que son mari avait été forcé de se séparer d’elle. Elle était néanmoins parfaitement bien accueillie dans la meilleure compagnie à laquelle elle appartenait ; seulement, les jours de réception au château, madame la dauphine semblait lui témoigner son blâme par un abord glacial.

On comprend maintenant tout ce qu’il y avait d’amer dans l’apostrophe de mademoiselle de Maran. Celle-ci, profitant de son pre-