Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ma un embarras assez visible, et dit en s’inclinant :

— Je ne mérite pas ce trop aimable reproche, madame la duchesse ; je suis seulement arrivé ce matin de Londres ; et j’espérais avoir demain l’honneur de vous faire ma cour.

Combien certains pressentiments trompent peu, mon ami ! Du moment où j’entendis M. de Lancry dire à cette femme… madame la duchesse… je ne doutai pas un moment qu’elle ne fût madame de Richeville dont j’avais entendu le nom si indiscrètement rapproché de celui de M. Lancry.

On préluda pour la contredanse.

— Voyez combien je suis bonne, — dit la duchesse à M. de Lancry ; — je vous pardonne votre oubli et je vous dis même en confidence que je ne suis pas engagée pour cette contredanse ; suis-je assez généreuse ?

M. de Lancry la regarda de nouveau d’un air étonné, presque stupéfait, et répondit avec une gêne assez évidente :

— Et moi, n’ai-je pas trop de bonheur ?… j’aurais pu danser cette contredanse avec vous, Madame, et je vais avoir le plaisir de la