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— Voulez-vous bien vous taire ! — s’écria ma tante en riant. — Puis elle ajouta : — Heureusement, on peut tout dire à une mère bobie comme moi ; seulement pour faire pénitence, vous allez faire danser ces petites filles.

Se tournant alors vers moi, ma tante dit à M. de Lancry d’un air rempli de dignité qu’elle prenait mieux que personne quand elle le voulait : — Mademoiselle Mathilde de Maran, ma nièce.

M. de Lancry s’inclina respectueusement.

— Mademoiselle Ursule d’Orbeval, notre cousine… — ajouta ma tante avec une nuance presque imperceptible, pourtant assez marquée pour qu’on sentît qu’elle voulait établir à mon avantage une sorte de distinction entre mon amie et moi.

M. de Lancry s’inclina de nouveau.

Je baissai les yeux, je me sentis rougir beaucoup. Ma main était près de celle d’Ursule ; je la serrai presque avec crainte.

— Mademoiselle voudra-t-elle me faire la grâce de danser avec moi la première contredanse ? me dit M. de Lancry.