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Je l’avoue… je ne pus m’empêcher de rester presque immobile de surprise à la vue de M. de Lancry ; il avait alors environ trente ans. Il était difficile de voir un homme plus parfaitement agréable, d’un extérieur plus séduisant.

J’étais bien jeune, et chez mademoiselle de Maran je n’avais vu personne qui pût en rien être comparé à M. de Lancry.

Ancien page du roi, il avait servi et fait très vaillamment la guerre en Espagne. Attaché plus tard à une grande ambassade, il avait, au bout de quelques années, abandonné l’état militaire ; et, grâce aux bontés du roi et à la protection de M. de Versac, il avait été nommé gentilhomme de la chambre du roi.

Ma première entrevue au bal de l’ambassade d’Autriche me revient très présente à l’esprit. Il y avait eu grande réception au château ; beaucoup d’hommes de la cour étaient venus au bal en uniforme. M. de Lancry sortait aussi des Tuileries ; il portait l’éclatant habit de sa charge, et avait au cou le ruban rouge et la croix d’or de commandeur de la Légion d’Honneur, à son côté la large plaque d’un ordre étranger. M. de Lancry était d’une taille