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M. de Versac nous quitta pour aller chercher son neveu, qu’il voulait nous présenter.

— Eh bien ! — dis-je tout bas à ma cousine, ce n’est pas si effrayant, après tout ; es-tu un peu rassurée !

— Non, — me dit Ursule, — je ne puis vaincre mon émotion ; je tremble ; c’est à peine si je vois ce qui se passe autour de moi.

— Moi, je vois fort bien, — lui dis-je gaîment ; et, pour lui donner un peu de courage, j’ajoutai : — J’avoue que je trouve ce coup-d’œil charmant. Quel dommage que tu ne puisses pas en jouir. Décidément, c’est une bien jolie chose qu’un bal.

Comme je disais ces mots avec une joie naïve, ma tante, à côté de qui j’étais aussi, se prit à rire aux éclats.

Plusieurs personnes qui étaient debout devant nous, pendant le repos d’une valse, se retournèrent. Madame de Mirecourt, qui se trouvait de l’autre côté d’Ursule, se pencha et dit à ma tante :

— Qu’avez-vous donc à rire ainsi ?

— Est-ce qu’on peut y tenir, avec une petite moqueuse comme elle ? — dit mademoi-