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rente, et la violette n’a pas le sou ; voilà pourquoi l’une lève le front, et pourquoi l’autre le baisse modestement.

La comparaison de M. de Versac, la méchante remarque de mademoiselle de Maran, et peut-être la vue d’Ursule, que je n’avais jamais vue si jolie, m’inspirèrent, pour la première fois de ma vie, une pensée de jalousie, qui se changea bientôt en dépit contre moi-même.

Ne doutant pas de ce que disait ma tante, je me crus l’air orgueilleusement satisfait que donne la richesse, et j’enviai l’intéressante modestie d’Ursule, qui jetait sur ses traits un charme si touchant.

Sans doute, cette pensée mauvaise dura peu, sans doute, j’eus honte de moi-même, en songeant que j’avais assez peu de générosité pour jalouser à ma cousine, à mon amie la plus tendre, jusqu’à l’intérêt qu’inspirait sa pauvreté ; sans doute, enfin, sans la maligne observation de ma tante, je n’eusse jamais ressenti ce mouvement d’envie, peut-être excusable, puisque riche j’enviais d’être pauvre.