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qué le souvenir d’Ursule lors de ce bal pour me représenter Ophélie.

Au lieu de se tenir un peu voûtée selon son habitude, ma cousine prouvait par sa démarche pleine de souplesse, que sa taille était irréprochable ; seulement, comme elle inclinait toujours un peu son front ainsi qu’une fleur penchée sur sa tige, ce mouvement donnant à son cou une légère courbure d’une élégance extrême, ajoutait encore au charme de son maintien. On lisait sur son visage une tristesse doucement contenue, qui se mêlait aux joies du monde, sans y prendre part. Le regard d’Ursule, presque suppliante, semblait enfin demander pardon de ce qu’elle restait étrangère aux plaisirs qu’une préoccupation douloureuse lui rendait indifférents.

J’étais habituée à voir Ursule souffrante et résignée. Mais le jour de ce bal, c’était, pour ainsi dire, la souffrance intime et la résignation poétisées, je dirai maintenant habillées pour le bal.

Mais, hélas ! des épigrammes ne me vengeront pas du mal affreux que cette amie m’a causé… Pouvais-je croire à tant de dissimula-