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sœur, moi qui ne t’ai jamais quittée, moi qui devrais être habituée à ta voix, à ton regard, en ce moment je te trouve belle, mais belle à être jalouse, si je pouvais l’être. Tu ne te connais pas… tu ne t’es jamais vue, pour ainsi dire… Crois-moi donc, malgré les méchancetés de mademoiselle de Maran, malgré tes défiances, tu es charmante. Penses-tu que ta sœur soit capable de te tromper ? Allons Ursule, mon amie, du courage ; appuyons-nous l’une sur l’autre ; soyons braves, affrontons ce grand jour et demain, peut-être, nous rirons de nos terreurs… Enfin, je te déclare que si tu ne m’accompagnes pas à ce bal, je n’irai certainement pas seule.

— Mathilde, je t’en supplie, n’insiste pas.

— Ursule… à mon tour, je te supplie.

— Je ne puis.

— Ursule, cela est mal… Tu le sais, ma tante te reprochera d’avoir refusé de venir à ce bal pour m’empêcher d’y aller… Tu la connais ; tu sais si je suis malheureuse quand je te vois injustement grondée… Eh bien ! veux-tu me causer ce chagrin ? Ursule, ma sœur, me refuser serait dire que tu me crois indiffé-