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Toi, à la bonne heure, tu as tout ce qu’il faut pour paraître, pour briller dans le monde… Vas-y seule. Je t’attendrai, je serai si heureuse de t’entendre raconter tes succès ! Ces fêtes splendides, je les verrai par tes yeux ; cela me suffira. — Puis souriant, avec grâce, elle ajouta : — Tiens, je serai, non pas la Cendrillon du conte de fée, malheureuse et oubliée ; mais une Cendrillon volontaire, heureuse de te voir belle et admirée ! Oui, quand tu arriveras du bal, bien lasse de plaisir, bien rassasiée de flatteries, tu seras accueillie par mon regard tendrement inquiet, et tu te reposeras de tes succès dans le calme de mon amitié pour toi.

Il fallait voir et entendre Ursule pour la trouver, non pas belle, mais enchanteresse, malgré l’irrégularité de ses traits.

Sa voix émue avait un timbre si pur, si suave, ses yeux bleus avaient une expression si douce, si implorante, qu’on se trouvait irrésistiblement subjugué…

— Ursule ! — m’écriai-je, — comment peux-tu concevoir une telle défiance de toi, lorsque tu parles, lorsque tu regardes ainsi ? Moi ta