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selle de Maran. Que serait-ce s’il allait être cruellement et publiquement atteint par une dédaigneuse indifférence.

Cette préoccupation fut peut-être celle de toutes qui me tourmenta le plus, tant l’amitié d’Ursule était précieuse pour moi. D’ailleurs, sans lui dire un mot de ce projet, je pensais sérieusement aux moyens de partager ma fortune avec elle. Ce n’était pas une de ces exagérations enfantines aussi vite oubliées que conçues, c’était une résolution fermement arrêtée ; pour la réaliser plus certainement, je ne voulais pas en parler à ma tante, étant bien décidée à poser ce don comme la première clause de mon contrat de mariage.

On rira sans doute de ma naïveté à propos d’affaires d’intérêt, comme on dit ; je remercie le ciel de n’avoir pas été mieux ni plus tôt instruite ; j’ai dû d’heureux moments à cette ignorance.

Enfin, le jour du bal arriva. Malgré sa laideur et sa mise négligée, mademoiselle de Maran avait un goût exquis, sa constante habitude de critique, sa haine de ce qui était jeune et beau, l’avait rendue si difficile que ce qu’elle