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protectrice, imposante d’une mère nous est indispensable.

Chacun sait que l’apparition officielle d’une jeune fille au milieu de fêtes, dont les convenances de son éducation l’avaient jusqu’alors tenue éloignée, encourage, autorise, pour ainsi dire, les prétentions de ceux qui peuvent demander sa main.

Qu’elle soit ou non justifiée, on a généralement une telle créance dans la sagacité du cœur d’une mère, que certaines vues, certaines espérances peu dignes ou peu susceptibles de réussir, craignent d’affronter cette pénétration maternelle, si attentive et si défiante.

Lorsque au contraire une jeune fille est orpheline, de quelque affection qu’on la suppose entourée, on la croit, on la sait plus isolée, moins défendue ; elle devient alors, pour peu qu’elle soit riche, une sorte de proie, de conquête, si vous voulez, à laquelle tous veulent prétendre.

Sans voir aussi clairement dans la douloureuse inquiétude qui me tint éveillée une partie de la nuit, j’avais un vague pressentiment