Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/216

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dînions avec mademoiselle de Maran ; elle n’aimait à se contraindre en rien, n’invitait jamais personne. On faisait chez elle une chère excellente ; elle était gourmande et avait une manie qui nous causait d’insurmontables répugnances.

Son maître d’hôtel, Servien, lui apportait tout ce qu’on présentait sur la table, car elle goûtait à tout, et souvent, — pardonnez-moi ce détail, mon ami, — elle se servait avec ses doigts, ensuite c’était son chien Félix, alors valétudinaire, qu’elle faisait manger dans son assiette.

La durée du dîner nous était presque un supplice. Nous rentrions un moment dans le salon, où nous restions jusqu’à ce que mademoiselle de Maran fût complètement endormie dans son fauteuil, coutume à laquelle elle ne manquait pas. Ses gens avaient ordre de ne jamais la réveiller, et de prier les personnes qui auraient pu, par hasard, venir en prima-sera, d’attendre dans un autre salon.

Nous remontions, avec Ursule, dans notre appartement, sur les huit heures, et là, nous