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lées, nous restions quelquefois dans le salon de ma tante à travailler jusqu’au dîner.

Plusieurs de ses amis venaient la voir à cette heure. Ils étaient peu nombreux, et tous d’anciens compagnons d’émigration de mon père.

Parmi eux, nous aimions beaucoup M. de Versac, l’un des grands-officiers de la maison du roi.

Malgré ses soixante-dix ans, on ne pouvait voir un vieillard d’un esprit plus gai, plus jeune, plus aimable. Il était d’une tournure encore très élégante, montait à cheval à merveille, et ne manquait aucune des chasses du roi ou de monsieur le dauphin. Il avait toujours été pour moi d’une bonté parfaite, et, à ma grande joie, il avait souvent défendu Ursule en prenant très gaîment son parti contre ma tante.

M. de Versac était d’un caractère charmant, mais sans consistance ; il avait passé sa vie à plaire, et il lui eut été impossible de ne pas dire une chose aimable, gracieuse ou flatteuse. Jamais il n’avait, je crois, prononcé un mot qui approchât de la critique.

Je suis maintenant quelquefois tentée de croire que cette impitoyable bienveillance ca-