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propre outre mesure était moins grave. En agissant ainsi, ma tante me rendait même un service à son insu.

Elle me mit pour jamais en garde contre les flatteries exagérées.

Ce qui rend les flatteries dangereuses, c’est l’habitude, c’est la conscience d’avoir été loué avec tendresse, avec tact, avec vérité.

On se laisse alors aveuglément aller au charme de ces paroles bienveillantes ; elles vous rappellent un passé rempli de confiance, d’amour et de sincérité.

Quelle puissance irrésistible, enchanteresse, n’aurait pas une flatterie qui semblerait continuer les louanges d’une mère ?

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Quand je parlais à Ursule de nos projets de petites filles, de ne jamais nous marier, projets auxquels je voulais demeurer fidèle, elle me disait en souriant tristement :

— Cela est bon pour moi de rester vieille fille, je suis pauvre, sans agréments ; mais toi, riche, belle, charmante, tu te marieras, tu seras heureuse. Seulement, tu me garderas une petite place dans ton cœur et dans ta mai-