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profondes dans notre esprit, que sera-ce lorsqu’il s’agira d’apparentes vérités ?

Ma cousine avait fini par se croire dénuée de tout charme, de tout agrément ; si je l’assurais du contraire, elle considérait mes paroles comme dictées par un sentiment d’affectueuse pitié, et me répondait :

« Mon Dieu, que tu es bonne de chercher à me consoler ainsi. Je ne m’abuse pas, mademoiselle de Maran a raison… tu es aussi belle que je suis laide ; j’en ai pris mon parti. »

Sans doute le langage de ma cousine était sincère. Rien alors ne pouvait me faire supposer que ma tante eût atteint son but, qu’elle eût fait germer d’amères jalousies dans ce cœur candide et pur…

Mais, hélas ! l’avenir prouvera si ce ne fut pas un crime… un grand crime à mademoiselle de Maran, qui avait sondé les replis les plus secrets, les plus sombres du cœur humain, d’avoir risqué seulement d’éveiller dans l’âme d’Ursule la plus effrayante, la plus atroce, la plus implacable des passions… l’envie.

L’autre danger… celui d’exalter mon amour-