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Je crois donc qu’à seize ou dix-sept ans j’étais belle, non sans doute aussi belle que le prétendait mademoiselle de Maran ; mais enfin je l’étais assez pour justifier quelque peu ses louanges, si elles n’eussent pas été si cruellement exagérées.

Il en était ainsi des blâmes qu’elle prodiguait à ma cousine ; sa taille était grande, mince, parfaitement droite ; mais ce qui donnait une apparence de réalité aux méchanceté de ma tante, c’est qu’Ursule, comme toutes les jeunes personnes qui ont grandi très vite, se tenait un peu voûtée. On voit quel art, quelle suite mademoiselle de Maran mettait dans ses perfidies.

C’était le même système qu’elle avait employé depuis mon enfance. Sous un certain point de vue, elle disait vrai, et, de plus, l’arme était à deux tranchants.

Ma tante voulait blesser douloureusement Ursule dans sa vanité, et exciter mon amour-propre jusqu’au ridicule.

Si les idées les plus fausses, les mensonges les plus avérés, lorsqu’ils sont incessamment répétés, finissent par jeter et laisser des traces